« Mask the Masquerade »
« La méchanceté, pour se faire encore pire, prend le masque de la bonté. »

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Qui n'a pas entendu parler de la fête du Beau Comité ? Ce bal masqué auquel tout le monde est convié - ou du moins, tous les Pretties. Au commencement d'un jour totalement banal en devenir, les habitants - dont moi - ont découvert dans leur boîte aux lettres une enveloppe contenant une invitation à ce bal. Sur ce, tous se sont réglés sur ce, impatient à l'idée d'y être, de deviner qui est qui, de danser, de faire un concours de la plus belle robe ou du plus beau costume-cravate. Ils s'amuseront, boiront, et feront la fête jusqu'au bout de la nuit sans savoir avec qui ils sont, et ils aiment ça ? Ça s'appelle du masochisme, pour les incultes. On ne sait jamais sur qui on va tomber dans ce genre de soirée. Ce n'est pas nouveau qu'il y ait des fêtes dans notre ville ; la seule chose qui change, c'est le fait que ce soit masqué. Ne pas savoir avec qui on parle, face à qui on est, procure une sensation de danger avec une bouffée d'adrénaline que tout le monde recherche au moins une fois dans sa vie. Puis, un bal, ça change de la morosité de la vie quotidienne - pour les Pretties... normaux.

Pour ma part, je n'avais d'abord pas l'intention d'y aller. Se pavaner en robe devant des gens dont on ne connaît pas l'identité, ce n'est pas tellement mon genre. Un défilé de robes en tout genre, de toutes les couleurs, de toutes formes et toutes longueurs. Il y aurait un véritable concours, des critiques acerbes et un fond de jalousie amer et médiocre. Ce n'était pas vraiment très attirant. Toutefois, mon côté festif m'a poussé à m'y préparer. Bon, je ne fais pas partie des groupies hurlant de joie devant une robe hors de prix - et moche, cela dit en passant - et des accessoires encombrants, mais je me pris au jeu. Ce fut pourquoi, je pris ma journée pour me préparer à cette fête ridicule à laquelle j'allais participer pour me changer les idées.

A la fin de cette après-midi, je passai sous la douche, me dépêchant de me laver. Il ne me restait plus beaucoup de temps pour me préparer, et j'avais envie d'arriver parmi les premiers pour pouvoir me fondre dans le décor afin de prendre toutes les photos possibles de la décoration et - surtout - des gens. Garder des souvenirs de cette fête et des personnes présentes pourrait m'aider dans une quelconque tâche, et je n'allais certainement pas rater cette occasion de mettre à profit mon talent de photographe. Sortant en vitesse de la douche, je sautai sur ma garde-robe en sortir l'énorme robe bleue paon. Personnellement, je la trouvais super jolie avec ses plusieurs couches de tissu, courte jusqu'à mi-cuisse, bustier. Elle était simple, sobre, et discrète pour pouvoir passer inaperçue. Je la posai sur le lit, sortis mes talons aiguilles que je mis au pied du lit et courus jusqu'au miroir pour me maquiller et me coiffer. Lorsque ce fut fait, je m'habillai à vitesse grand V - sans oublier le masque noir trouvé à un coin de rue, dans un panier -, pris mon appareil photo et sortis de chez moi.

Arrivée à l'endroit du bal, je remarquai tout de suite les musiciens, déjà en place. Je me dépêchai de les prendre en photo. Le jeu de couleurs était magnifique, rendant la scène féerique. Souriant en voyant le résultat, je fis un état rapide des lieux.

Il n'y avait pas beaucoup de personnes présentes. Le peu était encore en train d'attendre d'autres gens, bandes d'amis ne se séparant jamais, ou presque. Étant seule, je n'avais pas le problème d'attendre qui que ce soit, de plus, c'était un bal masqué, je ne reconnaîtrai même pas les personnes que je connaissais, et vice versa ; j'en profitai donc pour prendre des photos de la superbe décoration ainsi que des magnifiques banderoles en dentelle noire qui se trouvaient un peu partout sur la place. Le temps de prendre plusieurs photos, je remarquai alors que de plus en plus de personnes arrivaient ; à présent, plusieurs gros groupes se formaient déjà, la foule grossissant à vue d'œil. Chaque individu se rapprochait des uns des autres, essayant de deviner - ou non - qui se trouvait derrière le masque noir. Plusieurs femmes gloussaient en regardant autour d'elles, se lissant quelques mèches de cheveux et se faisant expressément rougir, de sorte d'attirer l'attention sur elles, notamment en jetant par-ci par-là des coups d'œil aux hommes aux carrures d'athlètes. A les voir se trémousser ainsi pour attirer les regards sur elles, elles me firent penser à des poules se pavanant pour les beaux yeux d'un coq, au dépit de toute autre activité plus ou moins intéressante. Je soupirai en levant les yeux au ciel et me mis dans un coin d'où je pouvais voir la majeure partie de la foule ; ainsi, je pris des photos de quasi tout le monde, bombardant les poules et coqs de flash aveuglant. Certains me lançaient des regards noirs, d'autres me souriaient en prenant la pose, ce qui me faisait rire. Néanmoins, j'espérai ne pas passer ma soirée à ça, sinon je n'aurais plus de place pour trop de photos, et je risquais fort de m'ennuyer...

Elle était figée, elle se sentait si mal au milieu de tout ces gens. Ses doigts, couverts de bagues étaient crispés sur un verre de diabolo grenadine. La jolie fausse rousse réfléchie sur sa raison de sa présence là, pourquoi avait-elle acceptée l'invitation alors qu'elle détestait ces soirées ? Au début, bien sur elle avait jeté l'invitation dans sa corbeille, sans avoir l'intention d'y aller, mais finalement une heure avant que la soirée ne débute, elle avait sortie cette robe. C'était comme si elle avait décidé de ne pas décevoir ses parents adoptifs, comme lorsqu'elle était petite et qu'elle ne sortait de ses cachettes que lorsqu'on voulait la préparer à un bal. Elle se rendait parfaitement compte du nombre de gens qu'il y aurait et s'était convaincue qu'avec le masque qu'on lui proposait, on ne la reconnaîtrait pas. Cette histoire de masque la rassurait énormément. Elle pourrait se cacher derrière comme elle se cachait dans les armoires quand elle était petite. Une autre idée la poussait réellement à y aller : elle devait faire honneur à cette famille qui l'avait recueillit et tant chérie, qui lui avait fait goûté au luxe et aux réceptions mondaines après qu'elle se soit enfuie de chez son père. Drew avait l'impression de leurs devoir quelque chose.
Elle se sentait si mal dans cette robe. Elle avait l'impression de ne pas être elle-même. Drew devait sans doute être trop habituée à ses sweat trop large et ses jeans noirs. Elle se ressaisit finalement lorsqu'elle mit son masque sur son visage, légèrement rassurée. Au moins, ainsi, on ne la reconnaîtrait pas. Elle pourrait tenter d'être quelqu'un de plus ouvert pendant cette soirée. Plus elle s'était rapprochée de la fête plus elle avait changé d'état d'esprit. Désormais elle regrettait d'être venue. Il y avait toute cette fausseté qu'elle détestait chez les pretties. Des robes démesurées, trop d’accessoires, des coiffures hors du commun, en réalisant cela elle porta aussitôt ses mains sur sa tête lâchant son verre qui se renversa par terre dans un fracas. Ses cheveux ! Les pretties aimaient changer certaines parties de leurs physiques mais ses cheveux oranges restaient très reconnaissable. Elle pâlit. Elle ne voulait pas qu'on la reconnaisse.
Soudain, elle s’arrêta, regardant autours d'elle et se mordit la lèvre inférieure. Le bruit du verre par terre avait fait se retourner plus d'une personne qui la regardait étrangement, comme si elle était folle. Niveau discrétion elle avait fort. Elle se rendit aussi compte de sa position, accroupie par terre, les mains sur la tête, prostrée. Drew se releva et fendit la foule pour s'asseoir sur une chaise, légèrement à l'écart des gens. Elle fixa ses talons noirs et se rendit compte que sa robe blanche s'était salie, elle grimaça et commença à l'épousseter. Elle se sentie mal en entendant les rires autours d'elle, ils semblaient si sarcastiques. Elle n'osa plus relever la tête, elle n'était pas tellement honteuse, mais elle avait totalement oublié le masque et elle avait peur que quelqu'un la reconnaisse.